La force des petites victoires
Avec Sarah Brisson-Legault, coordonnatrice performance mentale, bien-être et développement personnel
Atteindre ses objectifs peut parfois sembler long, laborieux et même décourageant. Pour maintenir sa motivation tout au long de ce parcours, mettre l’accent sur l’importance de célébrer les petites réussites peut s’avérer une stratégie efficace. Chaque étape réussie, même minime, compte et contribue à renforcer la confiance en soi et à dynamiser la progression vers des objectifs plus grands.
Pourquoi il est important de souligner les petits gestes? Ou à l’inverse, quel est le danger de ne pas le faire?
D’abord, il est important de souligner deux points importants. Premièrement, la motivation est un principe qui fluctue; elle suit un mouvement qui se compare à des montagnes russes, c’est-à-dire qu’elle peut être par moment à son comble et parfois redescendre et être à plat et ce, à cause de plusieurs facteurs. Ensuite, il faut savoir que notre cerveau est habile pour mettre de l’avant le chemin qui manque, les imperfections, etc. C’est « naturel » de réfléchir de la sorte.
Partant avec ces prémisses importantes à savoir, elles permettent de mieux comprendre notre perception des choses mais surtout qu’il est possible d’entrainer son cerveau à souligner les petites victoires.
Il n’y a pas de secret; ce n’est pas seulement le corps qu’il faut entrainer mais aussi son cerveau! C’est un processus qui n’est pas facile, mais au fil du temps, il peut devenir un mécanisme routinier. C’est pourquoi il est crucial d’instaurer cette pratique pour garder la motivation de s’entrainer en vue de notre objectif.
« Les gens croient souvent qu’il faut être motivé(e) pour prendre action alors qu’il faut prendre action pour que la motivation survienne. »
D’abord, comment peut-on définir « une petite victoire »?
Même si notre objectif est ultra alléchant; il faut garder en tête que notre motivation ne sera pas toujours au rendez-vous. Le piège à éviter, si on veut maintenir notre intérêt, n’est pas de viser toujours les grands succès, mais d’identifier les « petites choses » que nous faisons bien. Une autre mauvaise habitude à éviter est le désir d’atteindre nos objectifs le plus rapidement possible. Souvent, ces objectifs ne sont pas réalistes dans le délai que l’on s’est fixé.
« J’aime beaucoup donner cette recommandation aux sportifs que je côtoie : viser d’être 1% meilleur(e) chaque jour. »
Des exemples comme changer d’oreiller pour avoir un sommeil plus récupérateur, prendre le temps de se cuire des œufs au lieu d’aller se chercher un wrap au Tim Hortons ou boire 2 verres d’eau supplémentaires par jour sont de petites victoires simples, concrètes et reconnues.
Des manières de réaliser les réussites sont de les verbaliser, de les célébrer ou même de les noter.
« Un outil que je trouve fort intéressant et concret est de lister, dans un tableau, les petites victoires dans une période donnée. C’est noir sur blanc, c’est concret, et on peut s’y référer à tout moment. »
Comment fait-on pour souligner les petites victoires?
Reconnaître régulièrement nos victoires requiert des efforts. Ce processus s’inscrit dans une démarche d’assiduité et de rigueur au travail. Il demande certainement du temps, mais cet effort sera récompensé par une reconnaissance de son travail.
L’exercice à faire est de se demander ce qui nous fait le plus plaisir. Quel est le type de récompenses qui nous apporte une satisfaction? Il suffit simplement d’être créatif(ve) et flexible pour tester et trouver ce qui nous rejoint réellement. Par exemple, je pourrais me donner le droit d’aller visiter un nouveau café à la fin de ma marche matinale. Il faut à tout prix éviter de « forcer » une façon de faire qui nous rejoint pas.
« Une autre stratégie que j’aime proposer, c’est la stratégie du minimum. Le plus difficile est de commencer le travail. En se permettant de commencer avec le minimum, le processus est lancé plus vite qu’on le croit. »
Un exemple simple pour imager cette stratégie serait de se dire que je vais d’abord laver deux assiettes si la montagne de vaisselle ne me tente pas. Ce premier geste risque d’engendrer le reste de la tâche de façon naturelle.
Pour garder le cap de la motivation, est-ce qu’on a besoin d’une périodisation des petites victoires?
Idéalement, se faire un plan de souligner ces petites réussites sera bénéfique. Elle s’inscrira dans ta routine. Cela peut être une fois chaque jour, une fois par semaine ou à l’occasion d’une fois par mois. Décortiquer et planifier les étapes à l’avance est déjà un pas fait vers l’avant pour faciliter le processus. Le plus important est de s’assurer que le projet est viable et réaliste pour toi. Cibler des réussites trop spectaculaires ne te rendra pas service; la simplicité sera ton meilleur allié. Par exemple, on pourrait placer tout le matériel sportif requis sur une chaise à côté de notre lit pour rendre notre routine matinale plus simple avant d’aller courir très tôt le lendemain.
Quels sont les impacts concrets?
Vivre une victoire déclenche un phénomène chimique dans notre corps, entrainant la sécrétion d’hormones qui génèrent un sentiment de fierté. Cette satisfaction nourrit notre confiance en nous, renforçant notre autonomie et nous incitant à poursuivre le processus jusqu’à son terme. En cultivant ces succès, nous nous affirmons et développons notre capacité à avancer par nos propres moyens. C’est très payant! En s’exerçant de manière intentionnelle et délibérée, notre cerveau apprend à reconnaître les petites victoires avec aisance.
Notre entourage, notre complice
En terminant, il ne faut pas oublier que les gens autour de nous ont un rôle essentiel dans notre motivation. Leur soutien peut atténuer la procrastination et favoriser le renforcement positif. Il est normal de ne pas toujours être motivé(e), et des hauts et des bas feront certainement partie du chemin. Avoir des proches qui comprennent ces fluctuations peut vraiment nous aider à retrouver notre élan.