Deux médecins en mission pour les Jeux paralympiques

Avec Dre Andreane Bourgeois et Dr Philippe Gariépy, médecin à la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport du CEPSUM

Cet automne, deux médecins de la clinique de médecine du sport du CEPSUM, Dre Andreane Bourgeois et Dr Philippe Gariépy, s’envoleront à Paris afin de rejoindre l’équipe médicale canadienne aux Jeux paralympiques. Avant leur départ, nous avons eu la chance de les rencontrer pour découvrir les détails de cette incroyable aventure.

Comment est formée l’équipe médicale? Quelle est la procédure?

Dr Philippe Gariépy 

Il y a deux manières de participer aux Jeux en tant que professionnel de la santé. Premièrement, l’Académie canadienne de médecine lance un appel aux Jeux. Les médecins intéressés peuvent alors donner leur nom pour faire partie de l’équipe médicale noyau. Cette équipe est généralement constituée du chef médical du Comité paralympique canadien et d’un chef médical des Jeux. Par la suite, ils sélectionnent les professionnels qui compléteront cette équipe.

Dre Andreane Bourgeois

La deuxième méthode consiste à passer par les « organisations sportives ». Chaque fédération sportive reçoit un certain nombre d’accréditations pour le village olympique. : Le nombre d’accréditations accordé varie en fonction du nombre d’athlètes et du niveau de risque associé à chaque sport. Les fédérations peuvent alors allouer ces accréditations à son personnel de soutien.

Par exemple, dans notre cas, il y aura un physiothérapeute, un massothérapeute et un médecin. La fédération pourrait également décider de conserver l’équipe médicale actuelle, composée des professionnels qui collaborent déjà avec l’équipe.

Est-ce qu’une méthode est préférable à l’autre? Non, chaque approche a ses avantages et ses inconvénients. Avec les organisations sportives, on connaît souvent déjà les athlètes, tandis que l’équipe noyau est davantage axée sur la gestion des situations d’urgence.

L’équipe médicale est généralement constituée de combien de personnes? Quels sont les rôles de chacun?

Dre Andreane Bourgeois

Dans l’équipe noyau, il y a généralement 4 ou 5 médecins. Avec la fédération, il y a 3 médecins supplémentaires, ce qui donne un total d’environ 7 ou 8 médecins. Nous travaillons aussi avec des physiothérapeutes, massothérapeutes, thérapeutes sportifs et préparateurs mentaux. Si un médecin de l’équipe noyau est absent, un médecin d’une fédération le remplace, ce qui favorise une grande entraide.

Dr Philippe Gariépy 

Pour le para-cyclisme, notre équipe se compose de trois personnes : moi-même en tant que médecin, un physiothérapeute et une thérapeute athlétique. Nous suivons 7 athlètes.

À quoi ressemble une journée-type?

Dre Andreane Bourgeois

Avant les Jeux, nous partons en camp d’entrainement pour nous acclimater au décalage horaire. Mon rôle est souvent celui de « police d’assurance » ; je suis présente pour gérer les imprévus, bien que je ne sois pas toujours sollicitée.

Une journée-type inclut l’échauffement, la course, une pause déjeuner, puis la compétition en soirée. Les épreuves se déroulent généralement de 7h à midi, avec une pause au village avant de retourner vers 15-16 h et de rester jusqu’à 21-22 h. Nous assistons également les athlètes pour les tests de dopage si nécessaire.

Dr Philippe Gariépy 

Les compétitions de cyclisme se déroulent en 2 blocs : d’abord, il y a les compétitions de piste, puis celles sur route. Le vélodrome de St-Quentin-en-Yvelines sert de site pour les compétitions de piste et celui pour les compétitions sur route se situe en banlieue nord de Paris.

Il n’y a pas de journées types. Elles sont remplies de tâches variables : préparation du matériel, supervision d’entraînement ou de compétitions, contrôle anti-dopage, soins aux athlètes, etc. Pour la compétition de route, la supervision des courses se fait en voiture lors du contre-la-montre ou le long du parcours pour la course en ligne, soit à un endroit critique. Les journées peuvent s’étendre de 8h à 22h

En raison des deux blocs de compétition, nous sommes présents tout au long des Jeux. La première phase se déroule du 29 au 1er avec les épreuves de vélo sur piste, suivie d’une pause de deux jours, avant que la compétition de vélo sur route ne commence du 4 au 7 septembre.

Quels sont les principaux cas à traiter pour une compétition paralympique de cyclisme et de natation?

Dre Andreane Bourgeois

Les cas sont assez divers. En natation, les blessures aux épaules sont courantes, mais sur place, notre travail se concentre davantage sur l’entretien et la gestion des symptômes. L’exposition au chlore peut également entrainer des problèmes respiratoires comme l’asthme.

Nous traitons aussi des attaques de panique et des enjeux de santé mentale, en collaboration avec des psychologues et des préparateurs mentaux.

Dr Philippe Gariépy 

Idéalement, il n’y a qu’à traiter de petits cas mineurs. Sinon, les blessures les plus fréquentes sont des éraflures, des fractures de clavicules et des commotions cérébrales. Les athlètes utilisant des vélos à bras peuvent présenter des problèmes d’épaules ou de coudes, tandis que les cyclistes sur route souffrent souvent de douleurs aux psoas, aux hanches et au dos.

En quoi ça diffère d’une équipe des Jeux olympiques?

Dr Philippe Gariépy 

Le monde des Jeux Paralympiques est unique avec des performances et des athlètes exceptionnels, bien que souvent moins médiatisés. Les athlètes paralympiques sont des modèles inspirants malgré une visibilité moindre.

Dre Andreane Bourgeois

J’ai du mal à ajouter le mot « para » car cela semble minimiser ce que les athlètes sont réellement. Ils s’entrainent autant que les athlètes olympiques.

Cette année, lors des Jeux Paralympiques de Paris, c’est la première fois que les athlètes recevront de l’argent en plus de leur médaille, ce qui marque une reconnaissance bienvenue.

Quelle est la préparation requise pour ce mandat?

Dr Philippe Gariépy 

Oui, il est essentiel de réviser les fiches médicales des athlètes et de mettre à jour nos connaissances. Nous préparons également une trousse médicale et faisons une demande d’importation pour les médicaments. Nous nous assurons que les athlètes soient fin prêts pour le jeux et élaborons un guide des conseils médicaux essentiels.

Dre Andreane Bourgeois

Nous avons aussi des réunions d’équipe pour discuter avec les autres professionnels et les entraineurs qui connaissent bien leurs athlètes. Une bonne communication est cruciale pour être bien préparé.

Quels sont les principaux défis et enjeux?

Dre Andreane Bourgeois

Les défis ne sont pas majeurs, car nous nous préparons pour être le plus autonomes possible. La présence d’une clinique médicale sur place avec imagerie, résonance, scan, échographie, et autres équipements facilite grandement notre travail.

Dr Philippe Gariépy 

En général, nous ne pouvons pas pratiquer dans un autre pays, mais pendant les Jeux, nous obtenons une licence de pratique temporaire qui nous permet de prescrire des médicaments et de pratiquer la médecine de manière limitée, exclusivement pour les athlètes canadiens.

Lorsque l’on accompagne des équipes sportives à travers le monde, nous avons parfois le défi de la barrière linguistique. Ce ne sera pas un soucis lors de ces Jeux.

Pour quelle(s) raison(s) vous acceptez ce type de mandat?

Dr Philippe Gariépy 

C’est le summum de la pratique médicale auprès d’une équipe nationale dans une compétition de haut niveau. J’apprécie le côté « action » et la possibilité de voir les performances des athlètes.

Dre Andreane Bourgeois

Pour moi, c’est avant tout une satisfaction personnelle. Assister à l’évolution et à la performance des athlètes, et les voir remporter des médailles, est extrêmement gratifiant.

Dre Andreane Bourgeois et Dr Philippe Gariépy illustrent l’engagement et l’excellence du CEPSUM en soutenant les athlètes aux Jeux paralympiques de Paris. Nous leur souhaitons un séjour enrichissant et couronné de succès.

Dr Philippe Gariépy

Dr Gariépy agit à titre de médecin pour l’équipe nationale de paracyclisme depuis 2013. Il a également fait partie de l’équipe médicale canadienne comme médecin aux Jeux parapanaméricains de Toronto en 2015 et aux Jeux paralympiques de Rio de Janeiro en 2016, puis comme médecin en chef des Jeux olympiques de la jeunesse de Buenos Aires en 2018.

Dre Andreane Bourgeois

Andréane Bourgeois

Dre Bourgeois travaille maintenant depuis 2014 auprès des équipes Carabins de volleyball masculin et de rubgy, en plus de contribuer à la couverture des matchs de football. Elle est également médecin de l’équipe paralympique de natation et membre de l’équipe médicale des Jeux paralympiques de Tokyo 2021.