Les problèmes de mobilité neurale
avec Myriam Lafrance, physiothérapeute à la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport
Te cogner le coude sur le bord d’une table et avoir la sensation qu’un choc électrique traversait ton bras jusqu’au bout de tes doigts, ça t’est déjà arrivé(e) ? Bien oui, tu l’as deviné(e), c’est bien un nerf qui a été touché ! Cette sensation d’engourdissement bien spécial ne peut pas venir d’un muscle ou d’un tendon. Cela dit, il est très rare que le nerf soit aussi superficiel. Il est généralement bien enfoui, ce qui rend la tâche plus compliquée aux physiothérapeutes qui cherchent à traiter une blessure neurale ! Myriam Lafrance, physiothérapeute de la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport, nous parle de problèmes de mobilité neurale.
Le système nerveux
Tout d’abord, il est important de savoir comment fonctionne le système nerveux. Pour bien vulgariser ce concept, les nerfs font office de fils électriques qui connectent notre cerveau au reste de notre corps. Un grand réseau part de la boite crânienne et va descendre dans le tronc commun qu’on appelle la moelle épinière. Entre chaque vertèbre, les branches de nerfs vont sortir pour se connecter aux muscles, tendons, organes, etc. Si le courant ne passe pas bien, c’est très souvent suite à une blessure.
Les causes
En général, il y a deux types de blessures qui vont affecter la mobilité neurale : l’étirement et la compression.
- Étirement : C’est très simple, cette blessure survient lors d’un faux mouvement qui va créer une trop grande tension ou une tension prolongée dans le nerf. Prenons par exemple, une portion du nerf sciatique qui passe dans le creux du genou. Durant une partie de soccer, on fait un faux mouvement qui va créer une hyper extension du genou, tellement que le nerf va s’étirer beaucoup plus qu’à l’habitude.
- Compression : Celui-ci est aussi fréquent. C’est lorsqu’un os, un muscle ou une structure externe (par exemple, un bandage trop serré) va faire une pression continue sur le nerf. Le courant entre le nerf et le cerveau ne sera donc pas optimal. C’est le même effet que si on pose le pied sur un boyau d’arrosage, l’eau sera bloquée à l’endroit où l’on marche dessus.
Trouver la source
Ce qui est très spécifique aux blessures neurales, c’est d’où provient la douleur. En temps normal, si on se fait par exemple une entorse à la cheville, la douleur viendra du ligament déchiré localement.. Pour le nerf, c’est une autre histoire. Il peut très bien être asymptomatique à l’endroit précis où la blessure est survenue, mais il peut créer de la douleur partout sur son passage.
Par exemple, on a une douleur profonde dans notre coude, une douleur qui nous agace. Le réflexe premier est de suspecter une blessure locale au coude. Toutefois, il est très possible que la blessure provienne d’un écrasement du nerf qui traverse l’épaule.
Reconnaître la douleur
Pour savoir si on a bel et bien une blessure neurale, il est pertinent de savoir identifier la douleur. Myriam nous explique que généralement, « les gens vont souvent décrire un étirement, ou comme une corde qui ne s’étire pas ». En comparaison, un muscle, souvent après l’avoir étiré, on va ressentir un relâchement. Cela ne se reproduit pas avec le nerf.
La blessure peut aussi se caractériser par une douleur profonde et peut occasionnellement être accompagnée d’engourdissements.
Est-ce que la douleur va se manifester lors d’un effort physique intense ? Pas nécessairement. C’est plutôt certaines positions qui vont venir irriter le nerf surtout lorsque celui-ci est déjà blessé. Par exemple, la position assise durant la conduite automobile est un irritant très classique lorsqu’on traîne une blessure au nerf sciatique.
Les traitements
Les traitements varient si le traumatisme vient d’un étirement ou d’une compression. Pour un étirement, les physiothérapeutes vont travailler les tissus autour du nerf pour les relâcher, ou donner des exercices posturaux qui pourraient garder tension sur le nerf, car il faut éviter de l’étirer davantage.
Pour ce qui est d’un problème de compression, la priorité est de dégager le nerf. On peut travailler avec ses mains pour créer de l’espace autour du nerf compressé. Le patient ou la patiente peut aussi exécuter des exercices d’étirements locaux pour dégager le nerf au maximum.
En plus de l’enseignement, de la thérapie manuelle et des étirements, les physiothérapeutes utilisent beaucoup de techniques de mobilité neurale. Lorsque le nerf est inflammé, le courant ne passe pas bien. Donc, grâce à des exercices bien spécifiques, on stimule le nerf pour que le courant passe mieux.
Conclusion
En bref, le corps humain est d’une complexité inimaginable ! Cependant, chaque blessure peut être traitée. Le nerf de la guerre (oui, ce jeu de mots est volontaire), c’est de trouver la source du problème. Si tu suspectes avoir un problème de mobilité neurale suite à une blessure, n’hésite pas à consulter un physiothérapeute !
Myriam Lafrance
Myriam est titulaire d’une maîtrise en physiothérapie de l’Université de Montréal. Graduée en 2011, elle travaille depuis ce temps à la Clinique de médecine du sport de l’Université de Montréal. Son cheminement professionnel étant influencé par son grand intérêt pour la clientèle sportive, elle est également détentrice d’un diplôme en physiothérapie du sport.